du mas du zouave

du mas du zouave Pointer

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2008 CONNAISANCE DE LA CHASSE

2008 CONNAISANCE DE LA CHASSE



Connaissance de la chasse – Octobre 2008

POINTER & ROUGES

Philippe MARSAL ou la double passion…  



Membre du comité du Pointer Club après avoir été délégué départemental  puis régional, Philippe Marsal est aussi le créateur du challenge Terra d'Oc  sur bécasse. Cynophile passionné, il évoque son élevage et la chasse  du perdreau en garrigue avec un pointer, sa spécialité…   


Connaissance de la Chasse : Comment vous est venue la passion des  chiens ?  
Philippe Marsal : J'ai toujours utilisé des pointers, même avant  d'avoir le permis de chasse ! J'ai 40 ans et cela fait donc 25 ans que  je chasse derrière eux le perdreau et la bécasse. Je participe aussi à  des opérations de comptages en montagne. J'ai toujours plaisir à y retourner à la chasse, sur invitation d'amis pointerman.  

L’élevage compte aussi beaucoup ?  
Nous élevons avant tout des chiens pour la chasse. Ma première portée, je  l'ai faite alors que j'avais 16 ans et que je n'avais pas encore l'âge  de prendre un affixe ! J'avais à cette époque, rencontré à une  Nationale d' Elevage dans l'Hérault, Jean-Pierre Bouin, le président  du Pointer Club et son secrétaire Jean-Claude Darrigade. En raison de  mes études et de mes activités sportives, j'avais mis en veille ma  passion pour l'élevage. Naturellement, c'est vers Jean-Claude  Darrigade, devenu président du Pointer Club que je me suis tourné il y  a quinze ans lorsque j'ai souhaité repartir sur des lignées de travail  sérieuses pour chasser et élever. Il m'a fait rencontrer un de ces  amis, Pierre Périer, qui chassait la bécasse avec une pointer  extraordinaire : Gina de La Dune aux Oyats, fille du champion d'Europe  de Grande Quête, Brick des Pisès. J'avais vu courir ce chien à Brioude  et j'avais été subjugué par son travail.  

C’est là que naît votre affixe ?
De cette rencontre est née une grande amitié et un élevage amateur commun : le Mas du Zouave.

Quels sont les chiens marquants de votre élevage ?
Si nous produisons avant tout des chiens pour nous,  pour chasser, certains se sont également illustrés en concours. Luna m'a fait découvrir la compétition. Puis  elle a continué sous la conduite d' H. Demetre. Nina sera trialer de printemps en quelques concours avec JM Laffon qui remportera aussi le prix Navette de grande quête avec Sirène à M Jouve. Sous la conduite de mon épouse, Niet  a gagné le Terra d'Oc en se classant sur tous les lieux de ces concours,  tout en étant sélectionné en Equipe de France de bécasse. On suivit :  Skipper, vainqueur d'Espalem et CAC de Printemps avec qui je me suis  lancé dans la présentation en printemps, Tafna, plus jeune championne  internationale de travail avec ses résultats sur bécassine avec qui j’ai été sélectionné au championnat d’Europe de chasse pratique, Uléna,  elle aussi vainqueur de la Finale Nationale des jeunes sur les compagnies de  perdreaux d'Espalem et CAC de printemps. Barça, sa fille a commencé sa  carrière cette année. Buléria, Banco et Bebop, les petits de  Tafna, débuteront l'an prochain avec Nicolas Bonneterre en grande  quête. Quelques autres, à des amis sont devenus aussi trialers : Uno, Scarto, Sultane…

De quelles origines viennent vos chiens ?
Ils descendent d’abord tous de Gina. Mais ce qu’il faut retenir c’est que si nous avons produits des chiens classés sur bécasse,  bécassine, petit coq, perdreaux gris et rouges, c'est parce que tous  ces chiens ont été produits à partir de chiennes de chasse  remarquables, mariées avec des géniteurs de grande quête ou provenant  d'élevages ayant cette philosophie. C’est un choix pragmatique : Celui de l’efficacité à la chasse.

Il y a des personnes qui vous ont influencées dans vos choix ?
Vous avez raison, il y a des rencontres marquantes dans l’approche du chien. Rencontrer très jeune et lire par exemple JP Bouin et JC Darrigade, s’associer avec Pierre Périer sur l’élevage, discuter avec des éleveurs comme O. Soubielle et le Dr Guberti et ses célèbres Del Vento ou encore voir à l’entraînement les dresseurs JM Laffon et Franco Tognotti sont des choses enrichissantes. et à analyser. Après, il faut analyser, trier et continuer de se forger seul le regard au fil d’années de chasse, d’élevage et de concours, mais j’ai eu la chance de ne pas avoir eu l’esprit pollué au départ !

Vous chassez la bécasse, mais depuis toujours aussi le perdreau rouge en garrigue.  Comment définir cette chasse du perdreau rouge?
C’est une chasse authentique et de tradition du sud-est en général et  du Languedoc en particulier. C’est une chasse sportive où il faut  savoir souffrir. Il faut avoir des jambes et disposer de bons chiens.  Le perdreaux rouge est un farouche piéteur qui guette l’intrus sur un  rocher où il semble s’ensuquer au soleil. il sait se faire une alliée de  cette végétation hostile de garrigue pour s’y remiser au plus profond ou y courir  comme un lapin. Il sait comme nul autre, garder la distance pour  prendre un envol très loin. D’autre fois, il laisse le chasseur  passer, pour voler derrière son dos dans un vrombissement  caractéristique qui ferait sursauter même le plus habitué des nemrods.  

Quel est son biotope ?  
S’il existe des perdreaux rouges dans beaucoup de milieux différents,  la difficulté tient ici autant de l’oiseau que de son biotope et de la  manière dont le gibier l’utilise. Où je chasse, la garrigue domine les  vignes. La végétation de thym, de serpolet, de chênes kermes, de genêts scorpion, et autres argelas, tente de s'agripper péniblement à la roche calcaire qui affleure.
C’est une arène hostile, baignée  d’un soleil devenant vite brûlant.  

Quels chiens privilégiez-vous ?
Pour chasser dans cette garrigue, on peut utiliser tous les chiens. Il  y en a bien sûr d’assez bons dans toutes les races pour prélever des  oiseaux. Mais pour moi, le summum de la chasse sportive c’est une  chasse avec un chien rapide. Pas un chien qui indique, mais un chien  qui arrête les perdreaux. Trop près et c’est l’envol. Trop loin et  c’est la fuite à pattes ! Le pointer est certainement le plus à même  de relever ce défi. Il a cette capacité innée à dominer les oiseaux, là où d’autres les indiqueraient en vain en rampant pendant des  centaines de mètres. Il a aussi pour lui sa résistance à la chaleur.   

C’est un gibier test pour le pointer ?  
Oui, C’est un excellent révélateur de la qualité des chiens. Un pointer n’aime pas ne pas pouvoir dominer son gibier. Son regard le dit. Il est l’ennemi de ce perdreau diabolique qui lui lance un défi  perpétuel, qui lui échappe, qui frustre le plus souvent son instinct  primitif de prédateur en ne lui laissant qu’une odeur dont il s’agace là où d’autres se régalent. Plus qu’à la bécasse, son regard  habituellement doux et complice exprime cette rage dès les premiers  contacts avec une compagnie. Le travail du pointer dans son volume, dans son courage, dans sa passion, restitue à merveille l’esprit d’un  chien hors norme pour une chasse sportive.  En fait, il ne lâche rien !  C’est dans la difficulté que l’on voit le pointer. Il ne renonce  jamais à son identité et à son caractère. C’est pourtant bien souvent  que l’on croit que c’est terminé, que les perdreaux ont été les plus forts. Car ils sont souvent les plus forts ! Pourtant, au bout de plusieurs  heures de chasse, on aperçoit la tête de son pointer encore tournée  vers un dernier oiseau. Mais, vous apercevez la tête de votre pointer encore tournée vers un dernier oiseau. Cet oiseau que l’on connaît tous. Celui qui part toujours après les autres, au nez du chien. Celui que l’on a souvent regardé partir le fusil vide après avoir loupé les autres.
Sublime générique de fin, récompense pour le chien que ce perdreau rouge là, offrande qu’il fait à son conducteur.
En lissant ces plumes aux belles couleurs, vous croiserez le regard apaisé de ce pointer aux pattes ensanglantées qui vit et « souffre » sa passion comme vous la vivez et la souffrez pour cette chasse.