SKIPPER EST PARTI
Nous avons appris la mort de Skipper en rentrant ce weekend...
Il avait encore chassé dimanche, donnant comme à son habitude le meilleur de lui même à son propriétaire.
Il s'est endormi dans la nuit après avoir pris normalement son dernier repas.
Skipper était un drôle de chien. Une personnalité.
Jeune, il était destiné à la chasse et un peu fainéant il faut le dire, n'exprimant que par brides ses moyens physiques et une grande classe de galop.
Luna, sa mère venait de mourir quelques jours après sa portée de "U" et quelques jours avant le TAN où Skipper pouvait participer.
Je décidais de le présenter à ce TAN pyrénéens. Surtout pour passer un moment et nous changer les idées.
A ma grande surprise, j'ai trouvé un chien métamorphosé! Il fera un brillant parcours et sera sélectionné avec Saphir à Gilbert Cristofol pour la finale d'Espalem. Le juge, Juan Rodriguez, juge de GQ, pas encore président du pointer club espagnol mais ancien dresseur de GQ dira de lui "Aujourd'hui nous avons vu un pointer qui me rappelle beaucoup le grand Cuman dans la classe de galop, avec même de meilleurs postérieurs. Il porte la marque des Del vento dans le mouvement".
Nous avons travaillé d'arrache pied pour préparer cette finale, l'année de la canicule, quand d'autres sont en vacances, ceux qui parlent de chance où de hasard.
Des perdreaux, des perdeaux et encore des perdreaux sur le causse d'Aumelas ou dans les plaines Melgoriennes.
Pour ma première participation à cette finale, Skipper qui avait grandi dans l'ombre de Sirène, ne connaissait que la chasse. Il me fera le plaisir et la surprise de donner à l'élevage sa première des trois victoires sous le jugement d'Hubert Santoire. Sa soeur attendra et remportera dans la foulée le prix Navette de GQ avant de participer à la coupe d'Europe avec JM Laffon.
A mon grand étonnement, alors que nous demandions rien à personne, il fût critiqué par certains nuisibles dès cette finale gagnée.
C'est donc plus pour lui que par passion que je décidais de le présenter en concours. Montrer aux caciques que ce gentils chien était avant tout un remarquable chien à perdrix.
Ce seront mes premières présentations de printemps. Sans terrain d'entraînement, sans avoir vu un lièvre, juste avec sa classe de galop et son instinct de prédateur et un dressage en une semaine. JM Laffon me permettra de le sortir quelques matinée avec lui sur ses terrains et je l'en remercie. 3 points, un respect de lièvre et un CAC viendront nous récompenser. Le premier pour moi en printemps.
Il s'imposera ensuite sur les rouges du Field de Gruissan et obtiendra d'autres classements qui auraient été certainement plus élevés si le défi n'avait pas déjà été relevé et quelques chapeaux avalés.
Courageux, toujours partant, un physique hors norme qui lui permettaient d'enchaîner avec la même passion les journées de comptages, les fields et la chasse.
Il se classera par exemple en couple au Puy après une semaine de comptage en montagne où il m'avait montré mes premières barta et mon premier coq. Passant ce jour là près du CAC avec un point d'une grande intelligence. Par manque de préparation et par son activité intense de chien de chasse, il lui manquait souvent 1 centime pour faire un euros, mais il ne laissait pas insensible.
C'était le bon copain, le chien de la famille. Il sera même présenté it en field d'initiation par Alex avec qui il a grandi. Le chien avait 2 ans de moins que le conducteur! 2 pts SEF, lui qui bougeait quelques jours avant en printemps!
Imprévisible et aussi à l'aise pour vérouiler un vieux noir, une bécasse ou tuer une laie de 90 kilos que je finirai au couteau ou encore s'échapper pour essayer d'attraper une buse lors d'une démonstration de fauconnerie... Les anecdotes ne manquent pas! Mais la perdrix rouge était son domaine. Il y exprimait des qualités extraordinaires de pointer. C'était un spectacle. Ceux qui l'ont vu s'en rappellent encore. J'en garde de magnifiques souvenirs.
Force de la nature, il survivra à la surprise du vétérinaire à une terrible torsion d'estomac qui en aurait emporté plus d'un tellement les dégâts étaient grands. Il dormira plusieurs jours sur les coudes et sera alimenté 3 semaines à la petite cuillère, mais retrouvera ses capacités.
Et puis le drame familial est arrivé avec sa nouvelle passion ovine. Une passion qui dépassait l'entendement et qui nous a conduit à nous en séparer. Un vrai déchirement.
Il coulait depuis des jours heureux à quelques kilomètres de la maison.
Nous avions des nouvelles par notre vétériaire et par O. Solans qui nous a appris sa disparition.
Il aura été très peu utilisé malgré son pedigree mais nous suivons toujours avec intérêt les performances de son fils Brim du Bois du Ligourès qui lui ressemble tant.
Son dernier pied de nez, lui que l'on moquait pour sa tête ancienne malgré un corps magnifique, sera la victoire de son petit fils à la nationale d'élevage!
Il aura contribué à faire découvrir l'élevage en compétition. Il en aura peut être même été l'initiateur en ayant entraîné Tafna puis Uléna dans son sillage.
Un grand chien de perdreaux s'en est allé, un formidable copain qui n'a jamais laissé indifférent ceux qui l'ont côtoyé.
Tchao Monsieur.
